Résumé :
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Kundera proclame en 1967 que la frontière, donc la nationalité, est une blague. 2014 : l'Ukraine est coupée en deux, la Crimée rejoint la Russie. Le président russe Vladimir Poutine décide alors de « reconnaître la République de Crimée comme État souverain et indépendant ». L'exemple de la Crimée donne espoir à d'autres indépendantistes européens. Un mouvement vénitien séparatiste lance un référendum pour l'indépendance de la Vénétie. Ce vote précède celui qui se tient en Écosse sur le même sujet de l'indépendance de la nation. Une annexion de la Sardaigne à la Suisse ? C'est ce que prône le mouvement Canton Marittimo sur sa page Facebook. En Espagne, la Generalitat revendique une Catalogne indépendante. Au coeur de l'Europe, des lignes de partage héritées de l'Antiquité romaine et du Moyen Âge ressurgissent, tandis que d'anodines limites régionales se revendiquent en frontières nationales. Et à l'autre bout du monde, le Canada cartographie les fonds marins de l'Arctique pour tenter de défier la Russie avec laquelle il se dispute la souveraineté sur le pôle Nord, tandis que la Chine poursuit son expansion économique en Afrique, en noyant sous l'argent le continent. De toute part, on s'interroge : « Que signifie, finalement, être européen, se demande Michaël Foessel, à l'heure d'une globalisation qui européanise le monde au détriment du continent Europe ? » Furieux paradoxe des temps modernes, la notion de souveraineté est une idée neuve en ce début du XXIe siècle. D'une impasse à l'autre, d'une soustraction à une nouvelle abstraction, nous voilà revenus à l'essentiel qui consiste à élever, selon Thomas Berns, quelque chose « hors de cette histoire, un droit définitivement distinct d'une loi [...] qui, aussi vivace soit-elle, transitera désormais par ce filtre d'un droit souverainisé qui peut donc s'accommoder de l'histoire sans être entièrement exposé à elle. »
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