Résumé :
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"Peuplement"... Au premier abord, la notion semble évoquer des temps révolus, où des Etats en formation ou en expansion s'employaient à peupler des territoires considérés comme "vides" ou dont la population était jugée inadaptée, justifiant ainsi leur colonisation. La notion a pourtant refait surface ces vingt dernières années en France, pour qualifier l'action des pouvoirs publics visant à intervenir sur la répartition spatiale de populations, en fonction de certaines de leurs caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, ou autres, réelles ou présumées. Le propos de ce livre est d'abord d'interroger la manière dont cette question du peuplement a été historiquement construite comme enjeu de l'action publique - et tout particulièrement de l'action publique urbaine -, dans des contextes sociaux singuliers, qu'ils soient ouvertement conflictuels ou apparemment pacifiés, qu'ils renvoient à des régimes démocratiques ou autoritaires. La diversité des terrains explorés témoigne de ce parti pris : diversité dans l'espace d'abord - des confins kurdes de l'Etat turc aux quartiers de Londres et Paris, d'Ho Chi Minh Ville aux agglomérations lyonnaise ou dunkerquoise, de l'Algérie coloniale jusqu'en Israël - ; diversité dans le temps ensuite, du XIXe siècle des entreprises coloniales françaises jusqu'aux politiques de rénovation urbaine du début du XXIe siècle. Quatre thématiques structurent le propos : celle du gouvernement des populations par leur répartition dans l'espace, celle des entreprises de catégorisation des groupes sociaux inhérentes aux objectifs de peuplement, celle des instruments inventés pour concrétiser ces objectifs et, enfin, celle des modalités de politisation et de dépolitisation de ces enjeux, à la fois omniprésents et souvent éludés ou euphémisés. Ces perspectives constituent autant de propositions, non exclusives les unes des autres, pour une analyse du peuplement comme politique(s).
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